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SEUNG HA & HYE RIN
En ce moment, je n'avais qu'une seule idée en tête : dormir. Me reposer, et tout ce qui va avec. Déjà un an que j'occupais ce petit appartement et jamais je n'avais su en profiter pleinement. À croire que la solitude ne m'allait pas si bien que ça, finalement. Alors j'avais décider de poster une annonce, il y a quelques semaines de cela, histoire de partager cet endroit avec quelqu'un d'autre. Après tout, ce n'était pas mal de vouloir partager son habitat, non ? Mon père n'y avait pas vu d'inconvénient, et y avait même trouvé un certain avantage, pensant premièrement à la sécurité de sa fille : si quelqu'un de bien venait habiter avec moi, il n'aurait plus à se faire autant de souci. Bon, je pourrais tout aussi bien tomber sur quelqu'un d'horrible, genre un serial killer ou un accroc des petites culottes, me direz-vous. En tout cas, qui ne tente rien n'a rien. La semaine dernière, j'ai reçu un appel. Un étudiant de l'académie aussi, qui désirait s'installer à Gangnam. Ça n'avait pas été le seul appel, non, mais ça avait été le plus sérieux sans doute (les autres n'ont pas chercher à me recontacter ni à venir voir l'appartement, sûrement à cause du loyer trop élevé à leur goût). Un jeune homme nommé Rhee Seung Ha. Seung Ha, Seung Ha. J'avais vaguement l'impression de connaître ce nom mais au final, je n'avais pas trop cherché à me rappeler de qui est-ce que ça aurait pu bien être. Quoiqu'il en soit, il devrait arriver d'une minute à l'autre.
Je m'allongeais sur le sofa du salon à plat ventre, les bras croisés sous ma tête. Pas du genre très à l'aise avec les inconnus, je me décidai à m'entraîner ; répéter seule des phrases d'accroches dénuées de sens, si vous voulez.
« Bien le bonjour, je m'appelle ... » Non, c'était nul. Je secouai rapidement la tête comme pour avoir une autre idée. Une moue ou deux, et je repartis dans mon délire.
« Lee Hye Rin, enchantée. » Pas mal, enfin ça fera l'affaire pour l'instant, je n'avais décidément pas envie de me casser la tête pour si peu : il aura ce que j'arriverai à lui dire, point. Je me saisis de la télécommande posée à quelques centimètres de moi et allumai la télé d'un mouvement las. Je zappai rapidement, passant de chaîne en chaîne sans qu'une seule n'ait pu retenir mon attention. Je finis par éteindre la boîte à images et me levai d'une traite. En fait, je n'arrivais pas à tenir en place : j'étais trop excitée. J'espérais vraiment tomber sur une personne cool, quelqu'un de résolument sympa et avec qui j'aurais les mêmes centres d'intérêts, un peu comme un super pote ou un camarade de chambre à qui je raconterais toutes mes histoires les plus insignifiantes soient-elles, quoi. Je soufflai, me disant qu'on ne voyait cela que dans les films et dramas.
Je fis quelques pas pour me rendre dans la cuisine. La poubelle débordait presque : pas vraiment classe quand on veut faire visiter son appartement. Je me saisis des bords du sac et le sortit de la poubelle. Je fis un noeud rapidement et positionnai d'emblée un autre sac à la place. Du pied je poussai le conteneur dans le coin et attrapai le sac d'une main, bien décidée à aller le jeter en bas du bâtiment. Deux étages plus bas se trouvaient les poubelles communes, comme dans n'importe quelle résidence digne de ce nom. Sans oublier mes clefs, je sortis de l'appartement. Même si j'attendais quelqu'un, je n'avais pas peur de descendre, puisqu'au pire, je l'aurais retrouvé en bas. Enfin, bref.
Je remonte aussitôt, n'ayant vu personne à l'horizon. J'ouvre la porte et aperçois une de mes plantes sur le point de tomber : je cours et la rattrape au vol. Comme une imbécile, je me mets à rire ; on aurait presque dit que je venais gagner la course de ma vie. Je me relève enfin, en prenant soin de bien replacer le pot afin qu'il ne refasse plus de telle frayeur. J'époussette le bas de ma robe noire, veillant à ce qu'aucune trace de poussière ne se manifeste. Oui, j'avais osé la robe. Il faut dire que mon père n'hésitait pas à m'offrir tout un tas de robe depuis que mes cheveux avaient repoussés, comme si j'étais assez féminine pour en porter. À présent, je les porte autant pour lui faire plaisir que pour ma propre satisfaction. Vous l'auriez cru vous ? Pas moi.
Je regarde ma montre et trouve le temps long. N'allait-il pas se montrer comme les autres qui avaient appelé autrefois ? Ce n'est pas que je commence à m'impatienter, mais presque. J'aimerais bien un colocataire, moi.