- you know me ? i am fucking very hot - « When life gives you a hundred reasons to cry, show life that you have a thousand reasons to smile. »
La tranquillité de la caserne fut rompue par le son familier d'une alarme, arrêtant les pompiers dans leur partie de cartes pour les envoyer à l'extérieur vaincre un nouveau feu de foyer. Ils s'habillèrent tous dans leur tenue à la même vitesse vertigineuse qu'à leur habitude, bondissant par la suite dans le camion pour se rendre à destination. L'annonce de l'adresse se rendit jusqu'aux oreilles d'un jeune homme, dans la fleur de sa vingtaine, qui se mit automatiquement à paniquer. L'adresse indiquait clairement le bloc appartement dans lequel il avait emménagé tout récemment avec sa précieuse femme et leurs deux jumeaux. Le choc fut encore plus terrible lorsque ses yeux se posèrent sur le bloc appartement, repérant bien rapidement la fenêtre précise menant sur leur cuisine bien en hauteur pour voir les flammes en sortir et lécher tout ce qu'elles pouvaient atteindre avec une volonté inébranlable. Le cri d'une femme retentit, venant glacer le sang de l'époux en bas qui se précipita presque immédiatement vers l'entrée de l'immeuble mais la main de l'un de ses coéquipiers l'en empêcha, le forçant à rester à l'extérieur de peur qu'il ne fasse un faux pas dû au choc nerveux qu'il était en train de vivre. Sa main courut dans ses cheveux libérés du casque de protection qu'il tenait sous son bras, exécutant les cent pas alors que tous les autres pompiers s'évertuaient à accomplir leur boulot. Lorsque les divers blessés furent évacués, il ne réussit pas à pouvoir s'approcher ne serait-ce que de sa femme ou de ses enfants, voyant bien trop vite l'ambulance s'en aller, le bruit des sirènes lui crevant les tympans. Il agrippa les vêtements de celui qui avait transporté sa femme, lui ordonnant violemment de lui dire comment elle allait. Le regard de ce dernier en dit long et il le relâcha, quittant aussitôt les lieux en abandonnant tout ce qui lui semblait dorénavant bien superflu.

Le verdict des médecins fut clair et sans aucun doute. Sa femme était décédée des flammes, brûlée vive, une mort horrible. Ils lui suggérèrent fortement de ne pas aller la voir puisque le corps de celle-ci avait été grandement abîmée et qu'il était préférable que cette image ne vienne pas se glisser dans son esprit. Évidemment, il n'en fit qu'à sa tête. Un spectacle horrible sur lequel ses yeux n'auraient jamais dû se poser. Une vision d'horreur qui le hantera pendant une semaine avant qu'il ne mette fin à ses jours après avoir confié la garde des jumeaux à leur grand-mère.

Les jumeaux ont donc été élevé par leur grand-mère. Minyeol a toujours eu un profond attachement envers elle, appréciant sa compagnie et le réconfort qu'elle apportait. Elle n'a jamais voulu cacher l'histoire de leur famille lorsqu'ils étaient en âge de comprendre. Commençant d'abord en accordant un euphémisme à la situation puis, plus les années passaient, elle effaça graduellement ce voile de beauté de la réalité. A-t-il déjà souffert de ne pas connaître ses parents ? Souvent. Il s'est maintes fois demandé pourquoi son père avait agi avec autant d'égoïsme alors que leur mère était morte en les protégeant. Il s'est souvent posé la question à savoir s'ils étaient fiers de ce qu'ils étaient devenus. Si la vie qu'ils menaient leur convenait. D'une certaine façon, Minyeol a toujours désiré savoir ce que l'on ressentait à grandir entre deux parents amoureux. À connaître une vie de famille classique. Non pas que celle qu'il a ne lui va pas, bien au contraire. Sa grand-mère est la personne qu'il aime le plus au monde avec sa sœur.

Grandir de cette façon comporte quelques différences. Notamment le fait que la grand-mère soit également daltonienne fit en sorte que la différence de Minyeol passât inaperçue à ses yeux. L'école fut le démon qui lui tapa la vérité sur les doigts. « Tu peux me passer le crayon rose s'il te plaît ? » La gamine à ses côtés tandis simplement la main et il lui glissa le crayon qu'il avait déterminé comme étant le soi-disant rose. Elle le regarda, haussant un sourcil avec un air vexé. « Il est bleu. » La situation se répéta si souvent que les autres gamins en vinrent rapidement à se moquer de lui jusqu'à ce que l’enseignante s'en-mêle – parce que bon, les tentatives d'Haebyeol pour défendre son frère n'ont jamais été très fructueuses –. On l'emmena enfin passer des tests à l'âge de huit ans – principalement car la grand-mère insistait que rien ne clochait chez son petit-fils – et le verdict tomba avec une grande aisance. Achromate. Pour Minyeol, les couleurs n'existent pas, elles ne sont que diverses teintes de gris, de blanc et de noir. Cette particularité expliqua également l'inconfort violent qu'il subissait jour après jour avec la lumière trop vive, se plaignant de vouloir porter presque constamment des lunettes de soleil.

Les moqueries des élèves à son sujet cessèrent lorsque lui et sa jumelle commencèrent à participer aux activités de l'école. La première année, ils firent une démonstration de leurs talents en danse et en chant pour ensuite, l'année suivante, se lancer dans l'adaptation d'une comédie musicale, retravailler sur plusieurs angles par leurs soins. Un franc succès qui les mena à composer une pièce en tout point de leurs propres mains l'année d'après. Aucun doute à ce niveau, les jumeaux avaient développé un véritable don à ce niveau. Tout ce qui était en lien avec les paroles allaient de droit à Haebyeol tandis que l'aspect chorégraphique reposait sur ses épaules. Pour le reste, ils ont toujours travaillé côte à côte, appréciant le partage des tâches et bénéficiant d'une déconcertante même longueur d'onde. Ils ne leur suffisaient souvent que d'un simple regard pour se comprendre, chose parfois agaçante pour les gens qui devaient leur donner un petit coup de main pour diverses choses.

Une vie ordinaire dans laquelle Minyeol se faisait une joie d'être le conducteur privé de sa sœur pour des raisons simplistes comme sa crainte de conduire toute seule dans les rues mouvementées de la ville. Ainsi donc, dès que cette dernière devait se rendre quelque part, il se faisait une joie de prendre le volant à sa place à l'exception d'une journée où il ne pouvait vraiment pas, trop pris par les devoirs qu'il devait terminer au plus vite. Haebyeol fût donc contrainte de se conduire par ses propres moyens. Quel choc d'apprendre, environ quarante-cinq minutes après son départ, que l'on venait de la transporter à l'hôpital suite à un grave accident. Nul besoin de préciser le niveau flagrant de culpabilité qui avait alors frappé Minyeol, s'empressant de tout abandonner pour aller la voir car, de toutes les choses présentes sur cette planète, sa sœur jumelle a toujours représenté un des éléments en tête de liste.



Voir sa sœur jumelle ne plus se souvenir de soi est une chose horrible. Réalisé qu'on ne lui dit strictement rien est atroce. La voir devenir une personne qu'on ne reconnaît pas non plus est douloureux. Minyeol est contraint d'admettre que l'accident a changé sa jumelle – en pire – mais, il ne peut se résoudre à se détacher d'Haebyeol, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Il est convaincu que sa mémoire lui reviendra soudainement, que cet être exécrable partira et qu'il pourra retrouver celle avec qui il a su partager une complicité magnifique pendant des années. Un beau rêve, n'est-ce pas ?