- you know me ? i am fucking very hot - « but i miss the thing, are we ever gonna feel the same ? » Séoul, là où tout a commencé. Enfin bon, c'est facile de dire ça quand on est enfant et qu'on a connu que cette ville. On ne se rend pas compte du chemin qu'on a fait, là, dans les bourses de son père. Peut-être même que j'étais déjà quelque part lorsque mes parents se sont rencontrés. Aaah, ce qu'ils pouvaient être beaux, je vous jure. Un écrivain, ayant toujours été bien plus dans la Lune que sur Terre, et une fleuriste : je sais, ça aurait pu débuter un film à l'eau de rose. D'après ce que j'en sais, on était très heureux, tous les trois. Je n'ai jamais eu de frère ni de sœur, et honnêtement, ça ne m'a jamais dérangé plus que ça. J'appréciais (et aujourd'hui encore) mon confort et ma solitude, si vous voyez ce que je veux dire ; bon, il faut avouer que ma sociabilité se résume ... très rapidement. Tout cela pour dire que mon enfance a sûrement été une des plus belles de ce monde.

Tout commença à déraper après la mort de ma mère. J'étais très jeune lors de son départ : un accident de voiture fatal. Ce n'est que quelques années plus tard, vers mes huit ou neuf ans, que je réalisai que je ne la reverrai plus. Que son beau sourire, ses traits si féminins et son enthousiasme nous avait quittés pour de bon. Je ne vais pas vous cacher que cette période fut sans doute la plus sombre de mon existence (bon, à mon échelle, hein). Je décidai de couper tout lien avec ma féminité, comme si elle me rappelait douloureusement ma mère. Alors oui, moi à l'école primaire, ça donne UN Lee Hye Rin. Nombre d'enfants s'étaient mépris sur mon sexe, probablement parce que j'avais pris toutes les manies de mon père – les plus déplaisantes soient-elles – sans jamais prendre le soin de rappeler que j'étais une fille (je me rappelle même d'un petit garçon, mon meilleur ami, qui était tombé amoureux de moi en se pensant gay – le pauvre). Disons que ça ne m'avait pas déplu non plus. Toutefois, je pense que ce n'était qu'une façade afin de me cacher, et de cacher mon désespoir d'enfant.

Puis le collège, la continuité de cette interminable et horrible épreuve. Comme si mes sentiments n'étaient pas assez chamboulés comme ça, je passai à tabac tous les jours. Enfin n'imaginez pas que je rentrai en sang chaque soir, mais jamais indemne non plus. Bizutée pendant deux ans. Deux longues années pendant lesquelles on m'aura sûrement tout fait : la tête dans les toilettes, les tartes en pleines figures, les dénonciations et autres calomnies dont j'aimerais ne plus me rappeler. Se faire enfermer pendant une nuit dans un gymnase ne laisse pas de traces ; une tentative de viol, si. Et j'y serais sûrement passée si Alexsei n'avait pas été là – un ami de mon cousin, un gars qui m'a sauvé la vie plus d'une fois et que je ne saurais remercier assez (c'est pourquoi je ne le fais pas, ça va plus vite au moins).

Pour moi, ces périodes sont liées. Je crois que c'était ma différence qui avait poussé ses collégiens à s'en prendre à moi : c'est l'inconnu qui les effraie. Alors si je les revoyais un jour, ce serait sans doute pour les remercier d'avoir été aussi cruels et injustes avec moi. Merci pour cette prise de conscience, merci de m'avoir fait comprendre que se cacher ne sera jamais une solution.


Entre temps, mon père s'était remarié, juste après avoir vendu des millions d'exemplaires de son dernier best-seller. Nous étions passé d'une famille modeste à plutôt aisée en, quoi, deux jours. Par contre, je n'avais pas compris son désir de remplacer ma mère après des années, ne voyant guère cela comme un amour nouveau. Je ne lui en ai pas voulu pour son acte, mais j'avais moi-même du mal à me faire à l'idée d'avoir une autre personne à ses côtés ... surtout pas si cette dernière a à peine cinq ans de plus que moi. Imaginez-vous à ma place, auriez-vous accepté ça sans broncher ? Certains le font, mais je n'avais pas réussi. Me rebeller n'aurait cependant servi à rien, donc je me contentai de ne pas montrer trop d'enthousiasme ni de dégoût. Tant qu'ils ne m'obligeaient pas à me réjouir pour eux, tout tiendrait en équilibre. Je dois avouer que ça m'a quand même poussée à prendre un appartement seule, cette histoire ... Bon, il faut dire que j'ai toujours aimé avoir ma part d'indépendance aussi.

Aujourd'hui, je suis étudiante à la Seoul National Academy. Je suis en deuxième année, ai bien changé et suis bien décidée à faire de ma vie un tout autre bordel que le précédent !